Ingrédients du YouthLab

QUE SE PASSE-T-IL « VRAIMENT » PENDANT UN ÉCHANGE JEUNESSE X JUSTICE ?

Pendant les sessions d’échange, il se passe beaucoup de choses qui pourraient passer inaperçues pour un observateur inexpérimenté. Pourtant, les différents éléments en place sont essentiels à la réussite de votre YouthLab. Vous pouvez les voir comme des ingrédients à adapter à votre propre contexte, alors prenez-les avec des pincettes et réfléchissez avec votre équipe à ce que chacun pourrait apporter à votre YouthLab, comment il peut être animé et quels nouveaux éléments vous pourrait vouloir apporter au mélange.

1. Espace sûr, rythme sûr

Introduction

Un échange jeunesse x justice suit une approche graduelle délibérée. Cette approche consiste à construire et à jouer avec la tension et l’énergie du groupe. Le bon type de tension sert toutes les personnes présentes (à la fois les jeunes et les participants). Trop de tension, cependant, fermera toutes les opportunités de croissance et de réflexion.

La tension est une amie

Dans l’échange jeunesse x justice, la tension est une amie. La tension que vous recherchez ne mène pas à un combat ou à un conflit destructeur. Nous voulons plutôt dire que ce n’est pas grave si c’est inconfortable, conflictuel, émotionnel ou difficile. Nous apprenons qu’une personne grandit dans ces moments, tant qu’ils se déroulent dans un espace sûr et contrôlé.

Un espace sécurisé et contrôlé

Un animateur YouthLab nourrit la confiance et la sécurité. Un animateur sait toujours si la tension est toujours au service des membres d’un groupe. S’il fait plutôt mal, un animateur interviendra ou adaptera le programme en conséquence. Un rythme sécuritaire est celui qui nourrit la confiance et l’ouverture; sachant que cela prend du temps et ne peut être précipité.

YouthLab se sent comme une famille pour moi maintenant. On s’amuse et on se fait confiance.

Expert Youthlab Experience, Pays-Bas

Histoire : Différents niveaux d’énergie

C’est la première fois que Yousri participe à un échange jeunesse x justice. Il a rencontré YiP alors qu’il était en détention, mais il ne connaît pas très bien les autres garçons. Il est un peu nerveux et a une attitude « attentiste ».

Samet participe à un échange pour la 4ème fois. Cependant, il est encore assez nouveau au YouthLab. La fois précédente, Lamyn (l’animatrice) avait eu une petite discussion avec lui pour trouver un équilibre entre monter sur scène, mais aussi laisser de la place aux autres garçons pour participer aux discussions de groupe. Il en reparlera avant le début de l’échange.

Valon a co-organisé plusieurs sessions d’échange avec YiP, il connaît le groupe cible d’aujourd’hui ainsi que l’emplacement. Il connaît l’exercice et est ravi de commencer. Mo est en retard car son train a du retard. Il arrive 10 minutes avant la séance. Il a besoin de prendre un moment pour se détendre et se connecter à l’échange. C’est un senior, donc c’est plus facile pour lui d’intervenir et de commencer à participer.

Lamyn remarque que chaque garçon arrive sur les lieux avec une énergie totalement différente. En engageant une conversation détendue avec eux, en les guidant à travers le programme de la journée et en leur permettant de se familiariser avec le lieu, il est en mesure de s’assurer que tout le monde est au même niveau d’énergie au début d’une session.

Dès que les garçons se sentent à l’aise avec le lieu et entre eux, ils commencent à ressentir une connexion et à se sentir en confiance, ce qui nous permet de commencer la séance en équipe. Cette « écoute » les uns avec les autres et le fait de se sentir à l’aise dans l’espace dans lequel nous nous trouvons sont d’une grande importance pour créer une atmosphère sécuritaire pour l’échange jeunesse-justice.

2. Les formes créatives : un langage partagé

Introduction

Nous utilisons la créativité dans les échanges comme un moyen de se rassembler. C’est un lien, mais c’est aussi un moyen accessible pour un jeune de se positionner autrement. Ils sont sur scène pendant un moment et peuvent raconter ce qui se passe dans leur propre texte/rap.

Rencontrer dans le milieu

Un rap, une parole ou un texte poétique permet au conteur de partager plus facilement son histoire personnelle vulnérable et plus facile à comprendre pour l’auditeur. La créativité produit un langage « qui se trouve au milieu, qui appartient à tout le monde et peut être compris par tout le monde ». Parfois un rap permet aussi de prendre de la distance par rapport à son histoire car il est difficile d’articuler ce que l’on ressent dans la vraie vie. De plus, l’auditeur peut faire un pas vers le narrateur plus facilement, avec empathie et parfois reconnaissance.

Créativité x Empathie

La philosophe américaine Martha Nussbaum estime que l’empathie, la capacité de se mettre à la place d’autrui, est une capacité renforcée par notre rencontre avec l’art. Elle soutient que l’art peut nous offrir des perspectives différentes, car l’art nous emmène dans la vision du monde de quelqu’un de différent de nous. L’art narratif surtout, nous invite dans la vie de quelqu’un d’autre, et nous permet de regarder le monde avec des yeux différents. Cela élargit notre propre vision du monde, change notre façon de penser et nous offre de nouvelles perspectives sur nos propres vies. Bref, il engage notre imagination.

Nussbaum montre également que l’art doit être un peu étrange, mais pas trop. Elle doit dans une certaine mesure correspondre à l’expérience du spectateur, afin qu’il soit prêt à l’accepter, mais elle doit également s’écarter de son expérience de manière particulière, de sorte qu’il se sente étranger ou perplexe. Comment trouver le juste équilibre entre familiarité et éloignement est bien sûr différent pour chaque personne.

Histoire : « Puis-je obtenir une copie de votre histoire ? »

Shayro est un participant expérimenté du YouthLab qui a fait une présentation orale au début de l’échange jeunesse-justice. Son texte portait sur la conversation (de guérison) qu’il avait eue avec la victime au tribunal. La victime a admis lui avoir pardonné ce qui s’était passé. Shayro a exprimé dans son texte ce que cela lui a fait. C’était sensible, personnel et humain, donc le public a été très ému par sa présentation.

A tel point qu’après séance, des officiers ont demandé une copie de son texte tant il était puissant. Un officier a déclaré plus tard qu’elle portait toujours cette copie dans sa mallette, en souvenir du jeune qu’elle a devant elle dans la salle d’audience. Ce texte parlé, la narration créative de son histoire vulnérable, a permis au public de faire preuve d’empathie et peut-être même de s’identifier à l’humanité derrière son histoire. De cette façon, la créativité brouille les frontières entre nous/eux – après quoi une connexion peut être établie.

3. Traduire entre le « système » et le monde « vécu »

Introduction

Les expériences quotidiennes des participants au YouthLab se situent exclusivement dans les rôles de « jeune contrevenant » et de « professionnel de la justice ». Cette relation et ses rôles sont réaffirmés par des symboles et des rituels puissants, tels qu’une salle d’audience, des vêtements et un langage. Un échange jeunesse-justice est une expérience unique pour se rencontrer et échanger en dehors de ces rôles et schémas rigides.

Enlevez votre manteau

Un membre de haut rang du ministère public a dit une fois à YiP qu’elle appréciait l’échange parce que les procureurs et les jeunes « enlèvent leur manteau ». Dans cette citation, le «manteau» est un symbole des rôles souvent joués et formels. Enlever ce manteau et s’engager en tant que « soi-même » peut être extrêmement inconfortable et vulnérable. L’écoute active devient alors un défi si vous n’êtes pas encore habitué à écouter dans ce nouveau rôle – celui où vous ne pouvez pas vous rabattre sur les choses que vous avez apprises à l’université ou dans la rue.

J’ai remarqué que les jeunes formateurs parlaient librement, car les agents de libération conditionnelle ne sont pas « leurs » agents.

Agent de libération conditionnelle et participant à Youth x Justice Exchange, Pays-Bas

Traductions

Les animateurs du YouthLab parlent à la fois le langage « formel » ou « système » des professionnels et le langage « vécu » ou « populaire » des jeunes. Sans interpréter ni tordre les mots, ils sont capables de pousser et de clarifier dans le but de grandir et de réfléchir. Un facilitateur YouthLab se traduit par un médiateur amical, ne prenant jamais parti – mais toujours sensible aux traumatismes et aux difficultés personnelles.

Histoire : Parlez beaucoup

Remy est très enthousiaste lors de l’échange. Lorsque le formateur demande au YouthLab – groupe « ce qui vous a aidé de manière significative dans son traitement et d’autres expériences intenses. En racontant l’histoire, Remy est passé à un interrupteur positif ? il veut répondre immédiatement. Après avoir pris la parole, il se met à parler d’exs dans tous les sens et ses émotions, parfois très négatives, commencent à le dépasser ainsi que son histoire. Le formateur remarque que le groupe devient un peu agité et sur la défensive, et intervient pour aider Remy à faire valoir son point de vue.

Le formateur pose à Remy des questions courtes telles que : « qu’as-tu aimé pendant ton traitement ? » et « qui vous a aidé à rester positif ? ». Grâce à cela, Remy remet son histoire sur les rails. Il devient plus clair et plus en couches. Alors que l’histoire était dépassée par ses émotions (négatives), il semblait qu’elle était incohérente et unilatérale, poussant ainsi les professionnels dans leurs retranchements. Avec l’aide du formateur (qui connaît très bien Rémy), son propos est devenu clair : il a d’abord eu du mal à écouter et à s’adapter aux règles de son nouveau monde intérieur. Mais après un certain temps, ces règles étaient exactement ce qui l’a aidé à rester positif et à accepter de l’aide.

4. Marche dans mes souliers : une approche empathique

Introduction

Un échange jeunesse x justice est conçu pour que les professionnels « se mettent à la place des jeunes et voient à travers les yeux des jeunes ». Un écueil des jeunes qui racontent leurs histoires personnelles est qu’ils évoquent de la sympathie (se sentir désolé ou de la pitié pour), et non de l’empathie. Au YouthLab, nous visons l’empathie morale. En effet, alors que la sympathie conduit à distance, l’empathie conduit à la connexion. Ressentir et agir par empathie nous permet de ressentir les gens et de nous connecter avec eux en nous connectant avec des sentiments en nous-mêmes.

Découvrez cette courte animation avec Brene Brown sur la différence entre sympathie et empathie ici .

« Au lieu de poser des questions » selon le livre « (qu’avez-vous fait, pourquoi, etc.), vous écoutez parce que vous assistez à la session en tant qu’être humain. »

Agent de libération conditionnelle et participant à Youth x Justice Exchange, Pays-Bas

Empathie morale

L’empathie morale, le type d’empathie « active », est différente de l’empathie cognitive ou de l’empathie émotionnelle. L’empathie cognitive consiste à savoir comment l’autre personne se sent et ce qu’elle pourrait penser. L’empathie morale est également appelée «prise de perspective» et concerne la pensée, la compréhension et l’intellect. L’empathie émotionnelle, c’est quand vous vous sentez physiquement avec l’autre personne, comme si ses émotions étaient contagieuses. Ce type d’empathie concerne les sentiments. L’empathie morale ne consiste donc pas seulement à savoir et à ressentir ce que quelqu’un d’autre a vécu, mais aussi à agir en conséquence – parce que vous savez que cela aidera quelqu’un d’autre à se sentir mieux.

Vérités universelles

Dans les histoires que les jeunes racontent aux professionnels, ce sont les vérités universelles que nous recherchons. Les vérités universelles sont des sentiments ou des expériences qui sont les mêmes pour presque tout le monde et donc faciles à imaginer et à comprendre. Être explicite sur les vérités universelles aidera à évoquer l’empathie morale. Parce que peu importe où vous avez grandi ou comment la vie vous a traité, tout le monde comprendra des sentiments et des expériences tels que :

  • Une fois que vous vous êtes lancé dans quelque chose, il est difficile d’en sortir – même si vous savez que ce n’est pas bon pour vous ;
  • Vouloir se sentir respecté, et la frustration ou la douleur si ce n’est pas le cas ;
  • Être prêt à tout faire pour que vos frères et sœurs soient en sécurité et heureux ;
  • Comme il est difficile de demander de l’aide ;
  • Que parfois les choses peuvent dégénérer rapidement, sans que vous vous sentiez en contrôle ;
  • Le sentiment d’être incompris;
  • Jouer plus cool que vous ne le sentez réellement.

Histoire : C’est devenu incontrôlable

Delano raconte à son groupe d’officiers pendant la formation comment sa jeunesse et son chemin vers le crime se sont déroulés. « En fait, tout s’est mal passé à la maison, avec beaucoup de disputes et d’agitation, ce qui m’a conduit aux services de l’enfance. Mais même là-bas je n’arrivais pas à m’installer, à cause du changement des règles et des personnes qui s’occupent de vous, donc j’étais toujours troublé par des problèmes d’agressivité. J’ai été transféré plusieurs fois. À la fin, tout a mal tourné quand j’étais seul quelque part dans la rue, refroidi par ma colère, quand on m’a tapé sur l’épaule. J’étais tellement en colère que je me suis retourné par réflexe et que j’ai donné un coup de poing sur la tête à ce quelqu’un. C’était un agent. C’est pourquoi j’ai passé 4 ans à l’intérieur, des services sociaux à la détention.

Après l’entretien, les officiers ont fait une présentation sur l’histoire de Delano au groupe. Les officiers prennent la vulnérabilité et les antécédents de Delano très au sérieux et, avec des questions supplémentaires, veulent s’assurer qu’ils racontent son histoire du mieux qu’ils peuvent au groupe. Ils présentent l’histoire dans le i-récit. Cela donne à l’officier la possibilité de faire un pas dans la peau d’une affectation, tout en étant retiré de sa propre «veste».

Cette mission permet d’apprendre à 1) comprendre et reproduire le langage des jeunes, et 2) comprendre/ressentir les expériences du jeune. Être capable de se mettre à la place de quelqu’un d’autre conduit à (plus) de connexion et de compréhension de la perspective de l’autre.

5. Guérir par l’échange

Introduction

Un élément clé du programme YouthLab sont les histoires personnelles (de vie) des jeunes. Alors qu’ils n’en racontent peut-être qu’un fragment lors des entretiens avec des professionnels lors de l’échange proprement dit, de nombreux « devoirs » avec l’équipe du YouthLab ont lieu avant une session. Les jeunes experts de l’expérience YouthLab sont invités à des exercices de narration et de création orale sur mesure pour apprendre à raconter leurs histoires (de vie).

Identités narratives

« Quelle est votre histoire ? » « Pourquoi avez-vous commis un crime ? » « Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez commis un crime ? ‘Que ressens-tu à mon égard?’

Ces questions peuvent être importantes et difficiles. Les jeunes apprennent à raconter leurs histoires de différentes manières, parfois avec de nouveaux yeux. Un objectif important est de pouvoir « éditer » ces histoires avec l’équipe du YouthLab. Quels sont les éléments importants à raconter ? Quels ont été les moments de force; quelles histoires véhiculent que vous êtes plus que votre crime ?

« Comme un livre »

Une participante professionnelle nous a dit qu’elle apprécie la façon dont les experts en expérience de YouthLab « peuvent feuilleter leur histoire comme un livre ». «Ils sont capables d’ouvrir le livre à un certain chapitre, de passer à un autre, puis de le refermer. Cela demande beaucoup de compétences et cela vous met à l’aise pour poser toutes ces questions.

Vous découvrez également les « bonnes choses » qui se sont produites dans la vie d’un jeune. Il y a toujours tellement plus à dire que le crime.

Agent de libération conditionnelle, participant à Youth x Justice Exchange, Pays-Bas

Histoire : « Histoire douloureuse, mec »

Aujourd’hui, c’est la première fois que Jaimy participe à un échange YouthLab pour les procureurs. Son équipe vient de présenter l’histoire de sa vie du point de vue du « je » au groupe. Le formateur lui a demandé s’il était satisfait de la présentation et si l’équipe a tout présenté avec précision. Il a dit : « Oui, ils ont raconté mon histoire exactement comme je la leur ai racontée. Mais wow, je suis aussi un peu choqué d’entendre ma propre histoire comme celle-ci. Je l’ai écouté et mes pensées ont été : c’est une enfance et une jeunesse assez foutues en fait. J’avais presque l’impression que ce n’était pas ma propre histoire, mais ensuite j’ai réalisé : c’est à propos de moi. Si j’entends l’histoire, comme tout à l’heure, je-ne-sais-pas, ça m’affecte vraiment, mec. C’est une histoire douloureuse. »

Les jeunes peuvent éprouver et ressentir des émotions féroces et douloureuses en racontant et en écoutant leur propre histoire. De toute évidence, cet échange pourrait raviver certaines expériences lourdes, qui pourraient avoir une contribution curative à leur processus, mais seulement s’il y a un (après) soin et une attention pour l’ouverture et la vulnérabilité (des histoires) des jeunes.

6. Retourner le script, une multitude de scripts

Introduction

Lorsqu’ils entrent en contact l’un avec l’autre, le « jeune contrevenant » et le « professionnel de la justice » jouent souvent des « rôles statiques ». Avec ces rôles statiques, il y a aussi des scripts statiques : les scripts dictent ce que vous dites et comment vous vous comportez.

Le jeu de rôle m’a poussé à penser différemment. Cela semble gênant, mais vous vous souviendrez certainement quand une situation similaire se produit dans la vraie vie.

Agent de libération conditionnelle – Participant à Youth x Justice Exchange, Pays-Bas

Des livres

Pour les professionnels, ce script est souvent appris « dans les livres » et les protocoles. Le scénario d’un professionnel est renforcé par les relations de pouvoir inégales inhérentes entre les jeunes et les professionnels. Et lorsque l’on travaille depuis un certain temps en tant que professionnel, il est facile de penser que « vous avez tout vu » :

Les jeunes, eux aussi, ont souvent maîtrisé un script unique et statique. Ce scénario est souvent basé sur ce qu’ils ont entendu des autres ou sur une stratégie qui leur servira le mieux dans le processus judiciaire.

Bruce, membre du YouthLab, et Susanne, une procureure participante, expliquent dans ce court métrage comment ils étaient coincés dans leurs scénarios :

Bruce : « Avant, c’était comme un jeu du chat et de la souris. Parce que je joue le « méchant » et pour moi, ce sont eux les méchants.

Susanne : « Le piège, c’est quand vous pensez que vous savez déjà exactement à quoi ressemblera ce garçon. »

Une multitude de scripts

Cependant, ces scripts statiques entravent un contact significatif. Le YouthLab est d’inspirer les professionnels à travailler avec une multitude de scripts ; celui qui est taillé pour une multitude de relations, avec des jeunes pour qui aucune histoire n’est la même malgré leurs nombreuses similitudes.

Adapter chaque contact demande des efforts et de la pratique. Dans un échange jeunesse x justice, les professionnels reçoivent des conseils et des outils pratiques pour commencer à adapter des scénarios dans leur vie professionnelle.

Récit : « Je préfère purger ma peine plutôt que de voir cet homme toutes les 2 semaines »

« Lorsque j’ai été libéré, l’une de mes conditions était que je devais me présenter à ma probation toutes les deux semaines. Mais cet homme de probation – je ne l’ai vraiment pas aimé. Il ne m’a jamais demandé comment j’allais, et il n’a montré aucune autre forme d’intérêt. Il ne m’a posé que ses questions habituelles. J’avais l’impression qu’il travaillait avec une liste de contrôle standard et qu’il ne me voyait pas du tout. Il n’a pas tenu compte de ce qui était important pour moi. Par conséquent, je n’étais pas motivé pour m’ouvrir. Lui non plus. Au bout d’un moment, nous avons eu d’autres discussions et finalement j’ai pensé : je préfère purger ma peine plutôt que de voir cet homme toutes les 2 semaines. Alors j’ai arrêté d’aller en probation.

Ce cas illustre comment le script standard de la probation de Sahil s’est retourné contre lui. Sahil veut simplement être vu et sent qu’il ne peut pas être aidé dans un cadre impersonnel. Bien que de nombreux jeunes semblent être insensibles au début, donnant ainsi l’impression qu’ils ne veulent pas coopérer, ce cas montre parfaitement qu’il est également important pour un jeune que le professionnel détecte les besoins du jeune, s’adapte et, dans ce cas, ouvre op. Ensuite, un jeune se sentira soutenu et sera plus susceptible de s’ouvrir et de rester présent.

7. Renforcer les relations de confiance

Introduction

Un animateur YouthLab joue un rôle crucial dans le programme. Ce n’est pas un rôle que n’importe qui peut facilement prendre en charge ou remplacer, car sa principale force réside dans les relations de confiance à long terme avec les jeunes. Young in Prison rencontre principalement les jeunes alors qu’ils sont encore en détention et ces relations durent souvent de nombreuses années au-delà en tant que participants au YouthLab.

Un grand frère ou une grande soeur

Nous avons demandé aux experts de l’expérience du YouthLab comment ils percevaient les animateurs du YouthLab. « Comme un grand frère » est une réponse souvent entendue : « C’est quelqu’un qui ne vous juge pas, mais qui peut aussi être honnête et strict avec vous. Il me connaît bien et je sais qu’il veut ce qu’il y a de mieux pour moi.

Engagement à long terme

Un animateur YouthLab – et les experts de l’expérience s’engagent sur le long terme auprès du YouthLab. Ce n’est qu’avec cet engagement à long terme et intensif (avec des contacts hebdomadaires) que des relations de confiance durables se construisent et peuvent ajouter de la valeur à un échange.

Selon les animateurs, les jeunes « savent que nous les soutenons et ne les laisserons jamais derrière ».

« Nous savons ce qu’ils ont traversé, quels sont leurs moments forts et faibles. Nous sommes là pour les aider à être la meilleure version – la plus impactante sur les professionnels.

Animateur du YouthLab, Pays-Bas

En savoir plus sur le profil et le rôle d’un animateur YouthLab ici .

Histoire : « Tu n’es pas désolé ? »

Au cours d’une séance d’échange, un agent de libération conditionnelle a demandé à l’un des garçons du groupe s’il regrettait ce qu’il avait fait. Le garçon a répondu par un court ‘non, je ne le fais pas’. On pouvait sentir la tension dans la pièce et l’atmosphère a changé.

L’animateur connaît assez bien ce garçon et son parcours et l’a aidé à expliquer ses pensées. L’animateur lui a demandé : « Murat, bien sûr que je connais ton histoire, et je crois que tu as dit une fois qu’à l’époque, tu sentais que tu n’avais pas d’autre choix que de faire ce que tu as fait, c’est bien ça ? Le garçon a confirmé cela et a ajouté : « Oui, tu sais, j’avais demandé de l’aide aux institutions et je ne savais plus quoi faire d’autre pour obtenir de l’argent pour acheter de la nourriture, alors c’est là que je me suis trompé de chemin. ”

L’animateur a poursuivi : « Imaginez que votre situation ait été différente, auriez-vous agi de la même manière ? » Murat a répondu: « Non, je n’ai jamais pensé ni imaginé que je ferais quelque chose comme ça. »

L’animateur aide le garçon à trouver les mots pour exprimer la façon dont il a vécu ce qui s’est passé et comment il y réfléchit. Avec le soutien de l’animateur, il a pu exprimer qu’il s’était senti impuissant face à la situation et qu’il souhaitait que cela ne se soit pas produit. L’animateur a posé une question différente, mais l’agent de libération conditionnelle a obtenu une réponse à sa question sur le regret, ainsi qu’un meilleur aperçu de l’histoire du garçon.

8. Qui suis-je pour toi ? Nouvelles perspectives relationnelles

Introduction

Un procureur qui a rejoint un échange jeunesse x justice a dit un jour : Cet échange me rend humble. Cela me rappelle le pouvoir que j’ai, que mes décisions comptent beaucoup pour la vie de quelqu’un d’autre. Je veux me rappeler constamment de cela.

Ce court témoignage est de nature existentielle : il rappelle à quelqu’un qui il est par rapport à un jeune. D’autres groupes professionnels, cependant, ont d’autres enseignements tirés des échanges.

Existentiel vs instrumental

Pour les agents de libération conditionnelle, par exemple, nous avons entendu moins de plats à emporter existentiels. Leurs réponses sont à leur tour beaucoup plus instrumentales et tournées vers l’action : j’ai maintenant une meilleure compréhension des choses que je peux faire différemment et que nous pouvons faire ensemble.

Propositions de valeur

Les enseignements existentiels et instrumentaux représentent des valeurs très différentes pour les participants et ont du sens compte tenu du rôle qu’ils jouent dans le processus judiciaire. Le YouthLab a une compréhension approfondie des valeurs des différents groupes professionnels et ajuste la conception de la session en conséquence.

Histoire : Officier : « Quelle image avez-vous de moi ? »

Lors d’une séance d’échange, un officier a demandé aux jeunes ce qu’ils pensaient de leurs collègues officiers. Elle a montré sa vulnérabilité avec cette question, créant une belle conversation entre les agents et les jeunes. Eux aussi sont conscients de la grande tâche de leur profession, pour laquelle ils peuvent éprouver des difficultés dans les choix qu’ils doivent faire. En tant qu’êtres humains, ils ressentent également la douleur des jeunes, mais doivent servir plusieurs parties impliquées (et affectées) dans l’affaire.

Dans la discussion de groupe, il devient clair que les officiers sont aussi des gens qui veulent être compris. Eux aussi veulent montrer dans leur travail que leur cœur est à la bonne place et qu’ils souhaitent le meilleur pour les jeunes assis en face d’eux. Leur intention n’est pas toujours/seulement de punir sévèrement, mais aussi que le jeune apprenne sa leçon, obtienne l’aide adéquate et s’en sorte mieux.

9. Valoriser les expériences des jeunes

Introduction

Un expert de l’expérience YouthLab est payé pour former des professionnels de la justice. Bien que ce ne soit pas ou – ou ne devrait pas être – la principale motivation d’un jeune à rejoindre le programme, cela joue un rôle important dans la réaffirmation de l’agence et de la valeur de l’expérience et des histoires qu’ils partagent.

Valeur de remboursement, valeur d’écoute

Nous réaffirmons le libre arbitre et la valeur des jeunes en :

  1. Payer des frais pour leur participation au programme YouthLab,
  2. S’assurer qu’ils seront pris au sérieux lors des échanges
  3. Insister sur le fait que les décideurs politiques ou les professionnels de la justice mettront leurs idées et leurs apprentissages en pratique.

Cette combinaison est importante pour souligner que leurs histoires, leurs expériences et leur vulnérabilité sont précieuses.

Pourquoi YouthLab : Notre proposition de valeur

Dès qu’un jeune entre en conflit avec la loi, est arrêté et même privé de sa liberté, il entre dans un monde nouveau et intimidant, dirigé par des adultes qui parlent une langue pleine de jargon juridique. La plupart des jeunes se sentent aliénés et perdus , ce qui a un impact négatif sur leur bien-être, leur contact avec les professionnels, leur perception de l’équité des procédures et leur capacité à participer.

Ce processus d’aliénation est en grande partie une question de langage et de communication , car de nombreux professionnels de la justice parlent une langue mondiale du système juridique et instrumental, qui est une langue différente de celle que le jeune connaît et comprend. Les professionnels trouvent également difficile de s’engager et de communiquer avec les jeunes, en raison de la réalité divisée dans laquelle ils travaillent : le monde juridique et le monde de l’enfant avec son propre langage, ses normes et ses valeurs.

Pour réengager le jeune dans le processus de justice pénale, les compétences linguistiques et de communication du monde-système (des professionnels du droit) doivent être connectées aux attentes et aux compétences de communication (non) verbale des jeunes. Les compétences de communication adaptées aux enfants des professionnels mettent l’accent sur le respect, démontrent que les jeunes sont pris au sérieux et traités équitablement, et leur donnent les moyens d’accroître le contrôle de leur propre cas et de leur vie.

C’est ce que propose YouthLab : un espace de confiance où les professionnels travaillant dans le domaine judiciaire et (médico-légal) peuvent apprendre des jeunes expérimentés dans le système et améliorer leurs compétences dans le travail avec les mineurs.

« Ce qui me motive dans ce projet, c’est de pouvoir voir les professionnels sous un jour différent, sous un meilleur jour, pouvoir communiquer sans cette relation hiérarchique, même si le respect reste présent. J’aime aussi le fait de pouvoir partager ce que j’ai vécu, sachant que je serai écouté et que cela aidera d’autres jeunes.

Jeune formatrice YouthLab, Italie

Faire le pont entre le monde des jeunes contrevenants et les professionnels de la justice

Jusqu’à un certain point, le monde de l’aide à la jeunesse et de la justice dans les pays participants est de nature systémique : il concerne un grand nombre de jeunes, des tonnes de dossiers, ainsi que des changements de politiques et/ou des déficits budgétaires. Au sein de tout système bureaucratique, il y a le risque que la rationalité du système domine la vie de ses sujets – ce risque est encore plus grand lorsque les sujets ne se sentent pas libres de s’exprimer.

Tant dans l’aide à la jeunesse que dans le système judiciaire, où il existe une relation de pouvoir inégale avec les jeunes, le risque que le système ne submerge la réalité vécue des jeunes est fortement présent. Pour cette raison, rendre les perspectives des jeunes présentes et visibles peut être un défi, malgré le fait que la jeunesse est – ou devrait être – au centre de tous ces systèmes. Le YouthLab offre ces perspectives.

Regardez ci-dessous la bande-annonce du mini-documentaire ‘Exchanging Perspectives. Vous pouvez regarder le documentaire complet ici.

Le professionnel – une vérification de la réalité existentielle

Les gains de la participation au YouthLab peuvent être tracés sur un continuum, allant de la compréhension des perspectives des jeunes aux compétences pratiques.

D’un côté, la confrontation à la réalité existentielle : « Quel est le sens de mon travail dans la vie de ce jeune ?

Les professionnels travaillant dans le système judiciaire sont chargés d’appliquer la loi et/ou les mesures éducatives et, par conséquent, ils (pourraient) ajouter de la souffrance à la vie d’un jeune – malgré leurs meilleures intentions et leurs motifs légitimes. La sévérité de cette tâche implique une lourde responsabilité – une responsabilité que les participants au YouthLab ressentent très fortement. Dans certains cas, il suffit simplement d’entendre ce qu’une visite dans une salle d’audience signifie pour un jeune – souvent, cela peut en soi avoir un impact énorme sur le professionnel.

À l’autre extrémité du continuum imaginaire, il y a les compétences pratiques et formables qui sont acquises : Que doit-on faire ou ne pas faire ? Quels mots résonnent chez les jeunes, et à travers quels types de comportements perdez-vous (ou gagnez-vous ?) leur compréhension ?

Les professionnels de la justice ont besoin d’entendre les critiques, de se remettre en question. N’hésitez pas à être totalement franc avec nous, nous n’avons pas beaucoup d’occasions de savoir comment les jeunes vivent nos interventions dans leur vie.

Membre du Parquet
Participant à un échange jeunesse x professionnel, Belgique

Utiliser des approches créatives

La créativité est un élément clé du programme YouthLab et des échanges jeunesse x justice. Plusieurs activités sont adoptées pour faciliter un environnement ouvert et sûr, auquel les experts expérimentés et les professionnels de la justice se sentent obligés de participer activement.

Vous pouvez apporter d’autres exercices dans votre YouthLab, en les adaptant au contexte et aux sujets de chaque session.

Voici quelques-uns des exercices adoptés par les partenaires :

Quiz Brise-glace

Ce quiz porte sur les perceptions que la société a des jeunes à partir de plusieurs citations sur le niveau d’éducation des jeunes. Ces citations proviennent d’un manuel d’éducation et appartiennent à différentes périodes historiques. L’objectif du quiz est de deviner à quelle période appartient chaque citation. Le style d’écriture est standardisé pour ne garder que le contenu, ce qui permet aux participants de se rendre compte que la perception du niveau d’éducation des jeunes n’a pas beaucoup changé au fil des ans : les jeunes contemporains sont généralement considérés comme moins bien éduqués que la génération précédente.

Cela nous permet d’attirer l’attention sur ce biais récurrent que toute personne peut reproduire dans ses réactions aux comportements des jeunes. Cet exercice peut être reproduit avec n’importe quelles images, stéréotypes ou attitudes associés aux comportements « déviants » des jeunes à travers différentes périodes historiques.

Exercice autobiographique

L’exercice auto-biographique peut être proposé au début d’un cycle de formation pour faciliter la présentation des différents participants et servir de brise-glace, et/ou au début de chaque session pour favoriser l’implication des participants. L’exercice peut également être adapté pour correspondre au thème central et au format de chaque session – en personne ou en ligne.

L’exercice autobiographique commence avec l’animateur invitant les participants à prendre quelques instants de méditation afin de se remémorer un événement significatif de leur vie. La question spécifique doit être liée d’une manière ou d’une autre au sujet qui sera abordé pendant la session. Par exemple : un moment de votre enfance/adolescence où vous vous êtes senti protagoniste, ou un moment où vous vous êtes senti en danger, ou un objet qui vous concerne.

Les participants doivent toujours être rassurés par l’animateur sur le fait qu’ils n’auront pas à partager leurs pensées ou leurs souvenirs avec d’autres participants s’ils ne le souhaitent pas ; ils n’auront qu’à méditer, rappeler le moment/la chose spécifique et choisir un mot clé qui représente ce souvenir.

Si la session est en personne, le formateur demande aux participants d’écrire un mot-clé sur un post-it et de le coller sur le flip chart. Lorsque tous les participants ont terminé cette tâche, le formateur lit à haute voix les mots clés un par un et, après chaque mot clé, invite le participant qui l’a écrit à prendre la parole pour l’expliquer ou le commenter – s’il le souhaite. Après cela, la personne peut se présenter.

Si la session est en ligne, le formateur demande aux participants d’écrire les mots-clés dans le chat de la plateforme de visioconférence ou dans un tableau blanc interactif numérique. Lorsque tous les participants ont écrit leurs mots clés, le formateur les appelle un par un pour le commenter et se présenter. Le formateur crée ainsi une carte des contributions, des expériences et des réflexions des participants au cours de la session interactive. A la fin de l’exercice, le formateur prend une capture d’écran du tableau blanc virtuel. Ce matériel pourra être mis à disposition des participants et/ou être stocké dans un lieu partagé.

Normalement, l’animateur commence à communiquer son mot-clé et doit être le premier à parler pour définir un modèle à suivre pour les autres. Ces types d’exercices peuvent être denses en émotion, il est donc important que le groupe comprenne qu’il se trouve dans un espace sûr, afin de se sentir libre de s’exprimer en toute sécurité.

Brainstorming sur les problèmes et les ressources dans le système de justice pénale pour mineurs

Selon les Lignes directrices du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe sur une justice adaptée aux enfants,

La « justice adaptée aux enfants » désigne les systèmes judiciaires qui garantissent le respect et la mise en œuvre effective de tous les droits de l’enfant au niveau le plus élevé possible, en gardant à l’esprit les principes énumérés ci-dessous et en tenant dûment compte du niveau de maturité et de compréhension de l’enfant et des circonstances. du cas.[…] »

Dans cet exercice, chaque principe de justice adaptée aux enfants est brièvement expliqué et discuté avec les participants, qui sont invités à contribuer avec des expériences personnelles liées à ce principe spécifique. Les principes sont : accessibles, adaptés à l’âge, rapides, diligents, adaptés et centrés sur les besoins et les droits de l’enfant, respectant les droits de l’enfant, y compris les droits à une procédure régulière, à participer et à comprendre la procédure, à respecter à la vie privée et familiale et à l’intégrité et à la dignité

Ces histoires personnelles pourraient être rassemblées et utilisées pendant les sessions de formation comme exemple pour expliquer la justice adaptée aux enfants à d’autres professionnels, rassemblées dans une publication ou utilisées pour inspirer le scénario du jeu de rôle.

Jeu de rôle I

Dans cet exercice, un cas hypothétique est partagé avec les participants. Par exemple, il peut s’agir d’une arrestation par la police, d’une audience au tribunal ou d’un entretien avec le travailleur social. Pour répartir les rôles, le nom de chaque participant est inscrit sur une carte. Ensuite, des cartes sont tirées au hasard et chaque participant se voit attribuer un rôle. Le jeu de rôle pourrait être enregistré afin qu’il puisse être utilisé comme matériel de formation pendant les cours, sollicitant une discussion entre les participants. Cet exercice devrait faire ressortir un certain nombre de problèmes critiques dans le système et sensibiliser les participants.

Exemple de cas :

Objet : Andrea Rossi, née à Pise le 7 juillet 2003, détenue en détention provisoire – audience préliminaire devant le juge. Présentez également l’accusé d’Andrea, l’assistante sociale, l’éducatrice d’Andrea au centre de détention et la mère d’Andrea.

Informations générales : Andrea est un garçon de 17 ans, il en est à sa deuxième arrestation pour vol. Son histoire familiale est complexe : Andrea a vécu avec sa mère et ses deux jeunes frères (4 et 7 ans) jusqu’à l’âge de 15 ans. Les parents sont séparés et le père a perdu son autorité parentale à la suite de plaintes pour mauvais traitements tant contre la mère que contre les enfants. Suite à différentes ordonnances du tribunal de la jeunesse, les services sociaux procèdent au placement d’Andrea dans une communauté. Toutes les tentatives sont infructueuses et Andrea retourne chez sa mère. Cependant, elle n’arrive pas à gérer les problèmes du garçon qui présente une image d’immaturité combinée à l’usage de substances (cannabinoïdes, cocaïne et alcool). Dans ce cadre, le garçon commence à commettre de petits délits et se retrouve impliqué dans le braquage d’un supermarché. Le garçon est pris en flagrant délit avec deux autres garçons (dont l’un était déjà majeur). À l’époque, Andrea était visiblement altérée par la toxicomanie. La première infraction d’Andrea, survenue en 2019, l’a vu impliqué, toujours avec trois autres pairs, dans le vol d’une moto. Le garçon est actuellement détenu, en attendant son procès, dans un centre de détention. La décision a été déterminée par les précédents placements infructueux dans la communauté, la nécessité de retirer Andrea du groupe de pairs et aussi de le retirer de sa famille, actuellement incapable de prendre soin de lui correctement. Andrea se révèle très conscient de lui-même en abordant tous les aspects de sa vie, de la toxicomanie aux expériences familiales, en passant par l’identité sexuelle et la raison de son arrestation. Non seulement il ne semble pas opposant mais en fait, dès le premier entretien, il exprime une demande d’aide claire.

Jeu de rôle II

Une partie du programme de formation est consacrée à l’apprentissage des techniques d’interview policière et de la communication non violente. Le choix du sujet de la communication entre la police et les jeunes permet aux participants (avocats, magistrats et travailleurs sociaux) d’avoir une distance suffisante par rapport à leur propre rôle, tout en abordant les techniques de communication de manière concrète et pratique.

Après une présentation théorique, les professionnels sont répartis en groupes et invités à jouer une scène avec les jeunes pour mettre en pratique les techniques d’écoute apprises. Dans chaque groupe, une personne est chargée d’observer la pièce et de décrire les différents styles d’écoute et leur effet sur la dynamique de communication.

Analyser l’écriture créative

Selon leurs intérêts et leurs orientations créatives, les jeunes animateurs sont invités à s’exprimer de différentes manières sur leurs expériences avec les professionnels de la justice. Pour certains jeunes, le moyen d’expression le plus confortable est l’écriture. Ces écrits peuvent ensuite être partagés avec des professionnels lors de sessions de formation. Les jeunes animateurs sont chargés de diriger la discussion en donnant la parole aux participants pour qu’ils lisent les différentes parties de l’histoire et en posant des questions pour vérifier leur compréhension du point de vue des jeunes dans chaque situation ou interaction décrite. Tous les participants sont invités à contribuer à la discussion. Lorsque les jeunes se sentent plus à l’aise pour raconter leurs histoires oralement, ils peuvent enregistrer un texte qui sera analysé de la même manière que les documents écrits.

Un autre type de support créatif utilisé est la photographie. Vous pouvez utiliser des photographies qui ont été prises par des jeunes en détention lors d’un projet précédent. Ces photographies sont sélectionnées par les jeunes animateurs en fonction des messages qu’ils souhaitent faire passer aux participants. Elles sont ensuite présentées aux participants par l’un des jeunes, qui les utilise comme support pour expliquer les aspects qui semblent importants dans l’expérience lors de retenue. A travers les photos, certains jeunes souligneront par exemple l’importance des loisirs partagés avec les éducatrices, l’apprentissage des tâches domestiques, la valeur du contact avec la nature, etc.

Travailler avec un outil commun

À l’aide d’outils de gestion de projet tels que l’analyse SWOT et les arbres à problèmes et à solutions, les participants et les jeunes sont invités à travailler en groupes pour analyser les problèmes les plus importants du travail de jeunesse et leurs effets sur la communication entre les jeunes et les professionnels.

Dans le cas de l’arbre à problèmes et solutions, le point de départ est l’identification d’un problème central (le tronc de l’arbre), après quoi les participants discutent et définissent ses causes (les racines) et ses conséquences (les feuilles). Une fois ce remue-méninges et cette classification des informations complétés, chaque équipe réfléchit aux solutions à apporter pour améliorer des aspects clés de l’expérience des jeunes avec la justice. Chaque groupe présente son analyse au reste des participants.

Le produit final est les réflexions communes des jeunes et celles des professionnels, permettant de rapprocher les points de vue et de synthétiser les leçons apprises lors des sessions précédentes.

Défis et leçons apprises

Un Youthlab réussi demande beaucoup de coordination et de compétences. Il est normal d’être confronté à des défis et à des doutes en cours de route. Dans cette section, vous pouvez compter sur l’expérience et les leçons apprises des partenaires pour avoir une longueur d’avance dans votre programme et être prêt à relever les défis.

Naviguer dans la différence de pouvoir inhérente entre les jeunes précédemment détenus et les professionnels de la justice

La formation se présente comme une opportunité de questionner les rôles de chaque acteur lors des procédures judiciaires, de prendre de la distance par rapport à ces rôles et d’analyser leurs effets sur l’interaction entre les jeunes et les professionnels de la justice. L’absence d’implications juridiques suffit généralement à créer une atmosphère moins axée sur la répartition du pouvoir et davantage sur la réflexion partagée et la prise de perspective.

Afin de renforcer encore le rapport de force, vous pouvez poser comme condition à la participation des jeunes que leur procédure judiciaire soit finalisée. De cette façon, ils se sentent en confiance et libres de parler et d’échanger avec des professionnels de la justice sans aucune crainte de représailles.

Créer le bon état d’esprit pour les formateurs de jeunes afin de faciliter un dialogue ouvert, significatif et de personne à personne

Cet état d’esprit fait généralement partie des séances de préparation à la formation et autres réunions de suivi – et c’est pourquoi elles sont si importantes. Le jeune doit être formé adéquatement afin d’interagir avec les professionnels de la justice. L’entraide, les compétences méthodologiques, les connaissances en termes de législation, de pratiques et d’apprentissage par les pairs contribuent à renforcer la confiance en soi et la conscience de soi. Cela offre aux jeunes de nombreuses occasions de pratiquer ce mode de communication ouvert à la fois entre eux et avec le modérateur. Le contact entre les jeunes et un soutien continu sont cruciaux pour faciliter et maintenir cette ouverture.

Enfin, il est important de faire comprendre aux jeunes formateurs qu’ils sont une valeur ajoutée au programme en raison de leur expérience, tout en veillant à ce qu’ils ne soient pas tenus de partager leur histoire avec qui que ce soit.

Créer le bon état d’esprit pour les professionnels de la justice afin de faciliter un dialogue ouvert, significatif et de personne à personne

Lorsque l’offre d’échange est diffusée, le programme avec les objectifs et les approches est inclus. Les professionnels qui s’inscrivent sont ainsi informés en amont, ce qui peut également créer un biais de sélection : les participants les plus susceptibles de s’inscrire sont aussi ceux qui sont un peu sensibilisés aux enjeux.

Une fois les échanges entamés, il est rappelé aux participants les objectifs des séances, c’est-à-dire la critique constructive du système de justice juvénile. Les jeunes sont ensuite présentés comme formateurs juniors. Il est partagé que les jeunes ont été en contact avec le système judiciaire dans le passé, ont surmonté ces problèmes et ont ensuite suivi une formation spécifique pour faire partie du programme. Grâce à cela, ils offrent désormais aux professionnels de la justice une vision très pertinente du système de justice.

Établir des limites claires qui aident à protéger les jeunes contre les pressions indues pour partager des informations personnelles

L’expérience des jeunes est cruciale pour ce programme car ils ont acquis une perspective particulière du système de justice. Au cours des sessions d’échanges, les jeunes formateurs apportent des observations et des analyses tirées de leurs expériences et réfléchissent ensemble sur des questions qui leur tiennent à cœur. Cependant, la portée de la formation n’est pas l’analyse de leur histoire. Il doit être clairement indiqué dans les règles de base que les questions sur les infractions concrètes ne sont pas encouragées car elles ne sont pas utiles aux fins de l’atelier. Au lieu de cela, l’accent devrait être mis sur l’amélioration des compétences et de l’attitude des professionnels travaillant dans le système de justice pour les jeunes et sur leurs relations avec les jeunes impliqués dans des procédures pénales.

Protéger le bien-être et les limites des individus lorsque surviennent des émotions fortes

Il est particulièrement important de discuter régulièrement des limites du jeune, selon chaque activité prévue. La préparation d’activités en groupe permet aux jeunes de prendre de la distance par rapport à leurs expériences et de s’engager plutôt dans une analyse objective de la justice et de son fonctionnement. De même, les moments de débriefing sont l’occasion de réfléchir aux séances et aux émotions qu’elles ont suscitées, et comment ils peuvent être gérés à l’avenir.

Lors de la formation, il est expliqué qu’un des objectifs est de comprendre ce qui crée les blocages de communication entre les jeunes et les professionnels. Cela conduit à s’interroger sur les limites du système, celles des jeunes et celles des professionnels. Ici, il est important de souligner que le but n’est pas de critiquer des individus spécifiques, mais le fonctionnement et la dynamique interne du système.

Malgré les précautions, il est arrivé une fois qu’un jeune participant soit frustré pendant la formation. Les participants ont répondu de manière professionnelle, bienveillante et compréhensive. Il est important de faire confiance à ceux dont le métier est d’accompagner les jeunes dans les moments de crise.

Coordinatrice Youthlab, Belgique

Néanmoins, en général, les émotions qui ont tendance à émerger sont plus susceptibles d’être de l’empathie, un sentiment de nostalgie ou un engagement à aider les jeunes en conflit avec la loi.

En plus des sessions de formation, il est essentiel de prendre également en compte les propres conditions émotionnelles, sociales, professionnelles et environnementales des jeunes lorsqu’ils participent au projet. Selon leur âge et la situation dans laquelle ils se trouvent, leur situation peut évoluer rapidement, ce qui nécessite une certaine flexibilité dans la participation, mais aussi un suivi continu basé sur une relation de confiance.

Enfin, il est important de garder à l’esprit que l’implication des jeunes dans une initiative aussi exigeante sur le plan émotionnel tend à brouiller les frontières entre la supervision du projet et l’implication personnelle des coordonnateurs de projet. Quand on recrute un jeune au passé difficile, le présent est souvent aussi délicat. Dans le cadre de cette implication personnelle, il faut veiller à maintenir une communication fluide, un soutien continu et une volonté/disponibilité d’être flexible, d’écouter et de soutenir en cas de besoin – même en dehors des activités du projet.

Aborder des sujets pouvant créer un déséquilibre de pouvoir important

Des sujets tels que le remords peuvent survenir, mais la discussion devrait se concentrer davantage sur la qualité et l’adéquation des services de soutien aux jeunes que sur le comportement des jeunes. L’objectif est d’identifier des approches de communication et d’accompagnement qui permettent de gérer adéquatement la situation d’un jeune en conflit avec la loi, tout en le faisant se sentir entendu, compris et respecté.

Lorsque les comportements passés sont abordés, c’est dans l’optique d’identifier les besoins des jeunes à des moments clés de leur développement et de les accompagner au mieux.

« Tu n’es pas désolé ? »

Au cours d’une séance d’échange, un agent de libération conditionnelle a demandé à l’un des garçons du groupe s’il regrettait ce qu’il avait fait. Le garçon a répondu par un court ‘non, je ne le fais pas’. On pouvait sentir la tension dans la pièce et l’atmosphère a changé.

L’animateur connaît assez bien ce garçon et son parcours et l’a aidé à expliquer ses pensées. L’animateur lui a demandé : « Murat, bien sûr que je connais ton histoire, et je crois que tu as dit une fois qu’à l’époque, tu sentais que tu n’avais pas d’autre choix que de faire ce que tu as fait, c’est bien ça ?

Le garçon a confirmé cela et a ajouté : « Oui, tu sais, j’avais demandé de l’aide aux institutions et je ne savais plus quoi faire d’autre pour obtenir de l’argent pour acheter de la nourriture, alors c’est là que je me suis trompé de chemin. ” L’animateur a poursuivi : « Imaginez que votre situation ait été différente, auriez-vous agi de la même manière ? » Murat a répondu: « Non, je n’ai jamais pensé ni imaginé que je ferais quelque chose comme ça. »

L’animateur aide le jeune à trouver les mots pour exprimer la façon dont il a vécu ce qui s’est passé et comment il y réfléchit. Avec le soutien de l’animateur, il a pu exprimer qu’il s’était senti impuissant face à la situation et qu’il souhaitait que cela ne se soit pas produit. L’animateur a posé une question différente, mais l’agent de libération conditionnelle a obtenu une réponse à sa question sur le regret, ainsi qu’un meilleur aperçu de son histoire.

Jeunes – profil

Les jeunes que vous recruterez pour le programme auront un impact décisif sur la réussite du programme. La manière dont vous recruterez les bons jeunes experts en expérience dépendra largement du contexte dans lequel vous travaillez. Certains responsables de la mise en œuvre travaillent en étroite collaboration avec leurs jeunes, tandis que d’autres travaillent à plus grande distance et dépendent donc davantage de la coopération et de la perspicacité de tiers, ainsi que des entretiens de sélection.

Ils m’écoutaient vraiment, je pouvais vraiment voir qu’ils m’écoutaient.

Jason – Expert en expérience – Formateur Youthlab, Pays-Bas

Les jeunes qui bénéficient d’échanges avec des professionnels de la justice partagent souvent des qualités et des caractéristiques similaires :

  • Soucieux de raconter leur histoire : Les jeunes qui participent au YouthLab sont intrinsèquement motivés à le rejoindre. Ils veulent partager leurs histoires et communiquer ce qu’ils ont vécu dans la vie. Ils ressentent le besoin de se défouler, de prendre la parole et de partager leur histoire de manière constructive. C’est leur espoir que d’autres en tireront des leçons.
  • Envie de monter sur scène : Un jeune candidat convenable est généralement reconnu en montrant une certaine aisance à prendre position et à partager son opinion dans un groupe. Les participants potentiels se distinguent le plus souvent par leur présence, leur prise d’initiative et parfois leur volonté d’être le leader du groupe. Il ou elle n’a pas peur de parler, même si personne dans la pièce ne partage ses pensées.
  • Fait principalement partie d’un groupe de séjour de longue durée (en détention juvénile) : Plus de 70 % de nos membres ont passé plusieurs années en détention juvénile, la plupart entre un et quatre ans. Leur principale motivation est qu’ils en ont fini avec leur vie criminelle (antérieure), avec les allers-retours en prison. Ils veulent changer les choses, pour eux et pour les autres, en partageant leur histoire. Afin qu’ils puissent être un exemple pour les jeunes et les aider à faire des choix de vie différents et à passer à une vie sans criminalité.
  • C’est une personne qui s’est engagée auprès de nombreux tuteurs, travailleurs sociaux et thérapeutes : Les jeunes peuvent avoir été dans les services judiciaires ou de garde d’enfants pendant de nombreuses années de leur jeune vie. Ils ont pu avoir des contacts avec des travailleurs sociaux et des thérapeutes et recevoir des traitements pendant qu’ils purgeaient leur peine en prison. Ces expériences – certaines bonnes, d’autres vraiment mauvaises – font partie de la motivation et de l’empressement des jeunes à participer au programme. Ils sont motivés à apporter un changement au système, sans penser « merde », mais je vise plutôt à ce que leurs voix et leurs expériences soient entendues.
  • Est une personne qui a un regard critique sur les services judiciaires et d’aide à l’enfance : Ayant été dans « le système » pendant longtemps, ayant vécu des événements positifs et négatifs, les participants typiques ont un point de vue critique sur la façon dont les choses sont gérées. Cependant, plutôt que de s’opposer au système, ils visent à apporter un changement en partageant leur point de vue critique. Les participants sont formés pour faire passer leurs messages de manière constructive. En outre, ils prennent le système et ses règles au sérieux, et ne nient pas nécessairement les défis auxquels les professionnels sont confrontés lorsqu’ils travaillent avec des jeunes. Mais avec leurs expériences, ils veulent apporter un éclairage différent, partager leur point de vue – ce qui peut être une révélation et un aperçu précieux pour les professionnels.
  • Est curieux : Les jeunes participants qui ont bénéficié du programme sont le plus souvent curieux et désireux d’apprendre comment le système judiciaire est devenu ce qu’il est aujourd’hui. Ils sont ouverts à l’idée de voir les choses sous un angle différent. Par conséquent, ils veulent entendre des professionnels de la justice comment c’est de faire leur travail et comment leur prise de décision fonctionne dans les cas difficiles.
  • a entre 18 et 25 ans : La plupart des participants ont entre 18 et 25 ans. À cet âge, la plupart des jeunes ont pris une certaine distance par rapport à leur histoire, devenant adultes et quittant la détention. Ils regardent leur jeune moi avec une vue d’hélicoptère, ce qui les aide à raconter leur histoire de manière constructive et réfléchie.

La motivation des jeunes à rejoindre YouthLab

Il est parfaitement clair pour nous quels sont les avantages de participer à l’échange avec les jeunes pour les professionnels de la justice et pour le système dans lequel ils travaillent. Comme l’a déclaré la Commission européenne en 2011 dans le Programme de l’UE pour les droits de l’enfant , rendre le système judiciaire européen plus adapté aux enfants est une priorité essentielle. Être formé par de jeunes experts pour connaître leurs besoins, leur langue et leur point de vue est une étape importante vers la réalisation de cette priorité.

Mais qu’en est-il pour les jeunes ? Que gagnent-ils à échanger avec des représentants de la justice ? Des années d’étroite collaboration avec les jeunes nous ont fait reconnaître les motivations suivantes pour les jeunes experts à se joindre :

Ils veulent apporter une contribution positive en partageant leur histoire

Plusieurs jeunes ont vécu de nombreux événements justes et injustes après un (long) temps de détention. C’est notre expérience qu’ils veulent exprimer ce qui leur est arrivé, pour le sortir de leur poitrine. Ils sont formés pour partager leurs expériences honnêtes de manière constructive. Cela leur permet d’être entendus – un besoin fondamental de tous. Partager leurs expériences permet à leurs histoires de ne pas être gaspillées, mais au contraire d’apporter une contribution positive.

Ils aiment utiliser la créativité comme outil de communication équitable

La créativité est un pilier majeur dans les échanges percutants entre les jeunes et les professionnels de la justice. Elle leur permet de se rencontrer sur un pied d’égalité, la plupart des formes de création n’étant pas plus familières aux professionnels qu’aux jeunes. Par conséquent, nous encourageons les professionnels et les jeunes à se connecter à travers des formes créatives. Selon les approches créatives utilisées dans votre programme, les jeunes pourraient avoir la possibilité de s’exprimer à travers le rap ou la création parlée. La créativité leur permet de raconter leur histoire dans un langage qui les responsabilise.

Ce qui me motive dans ce projet, c’est de pouvoir voir les professionnels sous un autre jour, sous un meilleur jour, pouvoir communiquer sans cette relation hiérarchique, même si le respect reste présent. J’aime aussi le fait de pouvoir partager ce que j’ai vécu, sachant que je serai écouté et que cela aidera d’autres jeunes.

Jeune Formateur, Belgique

Cela les fait faire partie d’une communauté de soutien

Lorsqu’ils sont libérés après de nombreuses années, les jeunes peuvent manquer de sens de la communauté. Participer à un programme avec des experts d’expérience partageant les mêmes idées et sous la direction de personnes qui défendent leurs besoins, les aide à établir des relations communautaires. Ils partagent leurs expériences et grandissent en équipe. Ensemble, ils explorent une nouvelle voie et trouvent de nouvelles directions dans la vie – sans criminalité.

Ils deviennent un modèle

La première et principale motivation des jeunes à adhérer s’avère être l’opportunité d’être un exemple et une voix pour les autres jeunes. En partageant leur histoire, ils peuvent s’exprimer et expliquer comment le fait d’être en détention a eu un impact sur eux. Cela leur donne une chance de démontrer comment faire un changement et choisir un chemin différent dans la vie. En partageant leur histoire et en apprenant à demander de l’aide, ils apprennent à s’ouvrir, à de nouvelles opportunités mais aussi à du soutien.

Ils acquièrent de nouvelles expériences de travail et construisent un réseau

Nous pensons qu’il est crucial que les jeunes reçoivent une rémunération raisonnable pour partager leurs points de vue avec des professionnels de la justice. Payer des frais en plus des dépenses indique que nous prenons les jeunes au sérieux et que leur expérience et leur temps ont une vraie valeur. De plus, cela ajoute à l’égalité perçue dans l’échange avec les professionnels. Il va sans dire que l’arrangement financier en soi est un stimulant important pour que les jeunes se présentent, mais cela ne signifie pas que leur engagement est uniquement une question d’argent – comme le montrent toutes les autres motivations.

La possibilité/expérience de guérison

En racontant leur histoire de manière créative et constructive, les jeunes éprouvent un sentiment de guérison – même indirectement. Cela a été exprimé par plusieurs jeunes! Ils expliquent comment le partage de leurs expériences avec de nombreuses personnes dans différents contextes les a aidés à traiter. Certains ont même déclaré que cela les avait aidés à comprendre comment leur vie s’était déroulée jusqu’à présent. Sans viser explicitement un sentiment de guérison, nous facilitons indirectement un espace sûr pour que les jeunes partagent et traitent leur histoire.

Avant, je pensais que les professionnels étaient comme des robots qui voulaient me punir. Cela semble stupide peut-être, mais maintenant je me rends compte qu’ils sont aussi humains.

Jason – Expert en expérience, Pays-Bas
Hugo, jeune belge, parle de son expérience avec le YouthLab

Aller de l’avant : étape par étape

Lors de l’élaboration de notre programme de facilitation des échanges jeunesse x justice entre jeunes experts en expérience et professionnels de la justice, nous nous sommes fortement inspirés du modèle Lundy de participation des enfants.

Ce modèle a été développé par l’universitaire Laura Lundy, professeur de droits internationaux de l’enfant à la School of Education de l’Université Queen’s de Belfast, en 2007 [1] . Son modèle fournit un moyen de conceptualiser le droit d’un enfant à la participation, tel qu’énoncé à l’article 12 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.

Ce qui rend le modèle de Lundy si précieux, c’est la façon dont il explique comment les échanges sont établis pour qu’ils soient « significatifs et efficaces » en termes de participation des jeunes. Il ancre cela la voix des jeunes n’est pas seulement écoutée, mais elle est également dûment prise en compte et influence réellement la prise de décision et les politiques et c’est hyper important ! Non seulement pour des raisons d’efficacité et d’impact, mais aussi pour éviter que les jeunes aient une (énième) expérience décevante avec les représentants de la justice.

Le modèle de Lundy identifie quatre éléments pour une participation significative des jeunes : l’espace, la voix, le public et l’influence. Young in Prison a adapté ce modèle pour le YOUthLab et a ajouté « l’intention » comme cinquième élément pour une participation significative – ce qui s’est avéré précieux pour d’autres partenaires mettant en œuvre le modèle.

Nous vous encourageons à utiliser cette version étendue du modèle Lundy comme boussole, à mesure que vous progressez dans la conception des échanges jeunesse-justice dans votre contexte. Demande toi: Vous êtes-vous assuré que les cinq éléments sont suffisamment pris en compte ? Si non, comment pouvez-vous alors vous renforcer ?

  1. Lundy, L. (2007) « Voix » ne suffit pas : conceptualisation de l’article 12 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (https://bera-journals.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1080/01411920701657033 )

Professionnels de la justice – profil

Lorsqu’un jeune est impliqué dans le système judiciaire, il sera en contact avec un grand nombre de professionnels. Chacun d’eux peut avoir un impact sur sa trajectoire, qu’il soit positif ou négatif. Pour cette raison, le Youthlab vise à atteindre un large éventail de professionnels judiciaires et (légaux) de l’aide à la jeunesse.

Les professionnels de la justice qui pourraient bénéficier de notre formation Youthlab, sont des professionnels qui

  • soit jouent un rôle structurel dans le parcours d’un jeune et entretiennent une relation de travail directe avec lui , pendant son séjour en établissement fermé et/ou après sa libération – tels que : travailleurs pédagogiques/travailleurs de groupe ou agents de probation ou thérapeutes ;
  • avoir un impact important sur la vie d’un jeune par sa prise de décision , comme les juges et les procureurs ;
  • peuvent avoir un impact important par leur approche et leur interaction avec les jeunes au début de leur arrestation/procès ou dans le quartier, comme les policiers.

Bien que le profil du professionnel varie et ne devrait pas déterminer sa capacité à participer aux échanges, la volonté d’aller plus loin et le désir d’apprendre se sont avérés positifs pendant les échanges et après.

En tant qu’adultes, nous présumons toujours d’enseigner aux jeunes, mais cette fois ce sont eux qui nous ont appris quelque chose, en fait beaucoup.

Avocat – Participant à l’échange jeunesse x professionnel, Italie

Les professionnels de la justice rencontrent et écoutent de nombreux jeunes différents en conflit avec la loi, dans leur métier. Ils ont souvent des rôles professionnels complexes, avec une charge de travail élevée et de nombreux (sinon tous !) cas exceptionnels. Cela pourrait faire en sorte que les professionnels manquent simplement de temps pour s’impliquer dans la vie / les histoires du jeune, même s’ils pourraient vraiment vouloir connaître et voir l’importance de leur point de vue .

En s’impliquant dans le Youthlab, nous soulignons que le but de l’initiative est de favoriser une compréhension du jeune qui va au-delà de son dossier . Une compréhension qui se caractérise par la perspective, les besoins et les expériences du jeune. À travers les échanges jeunesse-justice, les juniors incitent les professionnels à toujours se rappeler que chaque jeune a sa propre histoire de vie .

Les sessions d’échange sont un espace sûr et un environnement d’apprentissage pour les jeunes et les professionnels, pour partager et apprendre des points de vue, des rôles et des responsabilités de chacun dans le processus. L’objectif est d’inviter et d’encourager le professionnel à toujours essayer de voir/comprendre à travers les yeux du jeune, en faisant un effort supplémentaire pour comprendre ses besoins et l’aider à trouver son chemin vers son meilleur chemin dans la vie.

De plus, les conversations que les professionnels peuvent avoir avec les experts expérimentés de la session les aident également à comprendre le langage et le raisonnement des jeunes. Le langage des jeunes, notamment l’argot de la rue, est souvent mal compris et leur comportement mal interprété. Les jeunes ont la possibilité d’expliquer aux professionnels pourquoi ils pensent qu’il est préférable d’utiliser leur droit au silence ou ce qui se passe réellement en eux derrière l’attitude (parfois) fermée ou indifférente.

Facilitateur – profil

Le rôle de facilitateur YouthLab (également appelé formateur senior par différents partenaires de mise en œuvre) est essentiel pour un programme réussi. Le rôle comprend la formation des jeunes en tant qu’experts de l’expérience (également appelés membre junior ou formateur junior) et la facilitation des échanges jeunesse x justice.

La formation et la facilitation sont intenses et souvent éprouvantes sur le plan émotionnel. Les animateurs comprennent le rôle du conflit constructif et de la tension et sont en mesure d’offrir à tout moment un espace où tous les participants se sentent respectés et confiants pour échanger de manière significative.

Voici quelques caractéristiques importantes d’un facilitateur YouthLab :

  • Un connecteur : L’animateur YouthLab est capable de connecter et de traduire entre le monde (et le vécu) des jeunes et le monde systémique de ces professionnels de la justice. L’animateur vise à mettre l’accent à la fois sur la complexité de leur profession, mais aussi à les mettre au défi de vraiment écouter, de comprendre les histoires et l’impact des expériences des jeunes avec (dans) le système de justice.
  • Un penseur créatif : Parce que la formation est basée sur des méthodes créatives, l’animateur a idéalement une expérience passée dans une discipline créative , comme la création parlée ou la narration. En ouvrant la formation par la parole, l’animateur donne l’exemple de l’ouverture/vulnérabilité et encourage ainsi les jeunes à partager leurs expériences avec les professionnels dans les étapes suivantes de la formation.
  • Un mentor : Pour les juniors du YouthLab, l’animateur est leur coach qui les guide tout au long de la formation. Ils peuvent avoir certaines règles ou signes convenus entre eux, si la tension ou les émotions sont trop fortes pour un jeune. D’autre part, l’animateur navigue sur un terrain neutre pendant la session, de sorte que les deux parties ont l’espace et l’opportunité d’exprimer leurs opinions. L’animateur s’assure toujours que les jeunes aient le dernier mot, pour clore un sujet avec les jeunes, mais de manière positive et constructive.

Bref

L’animateur doit avoir de l’expérience et/ou se sentir en confiance dans :

  • assurer la formation des professionnels et des jeunes ;
  • compréhension du système/du monde judiciaire, à travers la perspective des jeunes et des professionnels ;
  • penser et agir de manière créative et se sentir à l’aise pour monter sur scène ;
  • coacher des jeunes.
Lamym, animatrice du YouthLab aux Pays-Bas

Apprendre de l’expérience

Ce que les jeunes et les professionnels ont à dire sur YouthLab

S’appuyer sur l’expérience de ceux qui ont fait partie de YouthLab et des échanges jeunesse x justice vous permet de voir l’impact réel du programme sur ceux qui y ont participé, y compris les jeunes qui ont été formés pour devenir des experts de l’expérience et les professionnels de la justice qui ont rejoint le des échanges.

Vous trouverez ci-dessous une collection de témoignages vidéo de coordinateurs du YouthLab, de jeunes formateurs et de participants pour vous inspirer, partenaires potentiels et donateurs.