Pourquoi YouthLab : Notre proposition de valeur

Dès qu’un jeune entre en conflit avec la loi, est arrêté et même privé de sa liberté, il entre dans un monde nouveau et intimidant, dirigé par des adultes qui parlent une langue pleine de jargon juridique. La plupart des jeunes se sentent aliénés et perdus , ce qui a un impact négatif sur leur bien-être, leur contact avec les professionnels, leur perception de l’équité des procédures et leur capacité à participer.

Ce processus d’aliénation est en grande partie une question de langage et de communication , car de nombreux professionnels de la justice parlent une langue mondiale du système juridique et instrumental, qui est une langue différente de celle que le jeune connaît et comprend. Les professionnels trouvent également difficile de s’engager et de communiquer avec les jeunes, en raison de la réalité divisée dans laquelle ils travaillent : le monde juridique et le monde de l’enfant avec son propre langage, ses normes et ses valeurs.

Pour réengager le jeune dans le processus de justice pénale, les compétences linguistiques et de communication du monde-système (des professionnels du droit) doivent être connectées aux attentes et aux compétences de communication (non) verbale des jeunes. Les compétences de communication adaptées aux enfants des professionnels mettent l’accent sur le respect, démontrent que les jeunes sont pris au sérieux et traités équitablement, et leur donnent les moyens d’accroître le contrôle de leur propre cas et de leur vie.

C’est ce que propose YouthLab : un espace de confiance où les professionnels travaillant dans le domaine judiciaire et (médico-légal) peuvent apprendre des jeunes expérimentés dans le système et améliorer leurs compétences dans le travail avec les mineurs.

« Ce qui me motive dans ce projet, c’est de pouvoir voir les professionnels sous un jour différent, sous un meilleur jour, pouvoir communiquer sans cette relation hiérarchique, même si le respect reste présent. J’aime aussi le fait de pouvoir partager ce que j’ai vécu, sachant que je serai écouté et que cela aidera d’autres jeunes.

Jeune formatrice YouthLab, Italie

Faire le pont entre le monde des jeunes contrevenants et les professionnels de la justice

Jusqu’à un certain point, le monde de l’aide à la jeunesse et de la justice dans les pays participants est de nature systémique : il concerne un grand nombre de jeunes, des tonnes de dossiers, ainsi que des changements de politiques et/ou des déficits budgétaires. Au sein de tout système bureaucratique, il y a le risque que la rationalité du système domine la vie de ses sujets – ce risque est encore plus grand lorsque les sujets ne se sentent pas libres de s’exprimer.

Tant dans l’aide à la jeunesse que dans le système judiciaire, où il existe une relation de pouvoir inégale avec les jeunes, le risque que le système ne submerge la réalité vécue des jeunes est fortement présent. Pour cette raison, rendre les perspectives des jeunes présentes et visibles peut être un défi, malgré le fait que la jeunesse est – ou devrait être – au centre de tous ces systèmes. Le YouthLab offre ces perspectives.

Regardez ci-dessous la bande-annonce du mini-documentaire ‘Exchanging Perspectives. Vous pouvez regarder le documentaire complet ici.

Le professionnel – une vérification de la réalité existentielle

Les gains de la participation au YouthLab peuvent être tracés sur un continuum, allant de la compréhension des perspectives des jeunes aux compétences pratiques.

D’un côté, la confrontation à la réalité existentielle : « Quel est le sens de mon travail dans la vie de ce jeune ?

Les professionnels travaillant dans le système judiciaire sont chargés d’appliquer la loi et/ou les mesures éducatives et, par conséquent, ils (pourraient) ajouter de la souffrance à la vie d’un jeune – malgré leurs meilleures intentions et leurs motifs légitimes. La sévérité de cette tâche implique une lourde responsabilité – une responsabilité que les participants au YouthLab ressentent très fortement. Dans certains cas, il suffit simplement d’entendre ce qu’une visite dans une salle d’audience signifie pour un jeune – souvent, cela peut en soi avoir un impact énorme sur le professionnel.

À l’autre extrémité du continuum imaginaire, il y a les compétences pratiques et formables qui sont acquises : Que doit-on faire ou ne pas faire ? Quels mots résonnent chez les jeunes, et à travers quels types de comportements perdez-vous (ou gagnez-vous ?) leur compréhension ?

Les professionnels de la justice ont besoin d’entendre les critiques, de se remettre en question. N’hésitez pas à être totalement franc avec nous, nous n’avons pas beaucoup d’occasions de savoir comment les jeunes vivent nos interventions dans leur vie.

Membre du Parquet
Participant à un échange jeunesse x professionnel, Belgique