Utiliser des approches créatives

La créativité est un élément clé du programme YouthLab et des échanges jeunesse x justice. Plusieurs activités sont adoptées pour faciliter un environnement ouvert et sûr, auquel les experts expérimentés et les professionnels de la justice se sentent obligés de participer activement.

Vous pouvez apporter d’autres exercices dans votre YouthLab, en les adaptant au contexte et aux sujets de chaque session.

Voici quelques-uns des exercices adoptés par les partenaires :

Quiz Brise-glace

Ce quiz porte sur les perceptions que la société a des jeunes à partir de plusieurs citations sur le niveau d’éducation des jeunes. Ces citations proviennent d’un manuel d’éducation et appartiennent à différentes périodes historiques. L’objectif du quiz est de deviner à quelle période appartient chaque citation. Le style d’écriture est standardisé pour ne garder que le contenu, ce qui permet aux participants de se rendre compte que la perception du niveau d’éducation des jeunes n’a pas beaucoup changé au fil des ans : les jeunes contemporains sont généralement considérés comme moins bien éduqués que la génération précédente.

Cela nous permet d’attirer l’attention sur ce biais récurrent que toute personne peut reproduire dans ses réactions aux comportements des jeunes. Cet exercice peut être reproduit avec n’importe quelles images, stéréotypes ou attitudes associés aux comportements « déviants » des jeunes à travers différentes périodes historiques.

Exercice autobiographique

L’exercice auto-biographique peut être proposé au début d’un cycle de formation pour faciliter la présentation des différents participants et servir de brise-glace, et/ou au début de chaque session pour favoriser l’implication des participants. L’exercice peut également être adapté pour correspondre au thème central et au format de chaque session – en personne ou en ligne.

L’exercice autobiographique commence avec l’animateur invitant les participants à prendre quelques instants de méditation afin de se remémorer un événement significatif de leur vie. La question spécifique doit être liée d’une manière ou d’une autre au sujet qui sera abordé pendant la session. Par exemple : un moment de votre enfance/adolescence où vous vous êtes senti protagoniste, ou un moment où vous vous êtes senti en danger, ou un objet qui vous concerne.

Les participants doivent toujours être rassurés par l’animateur sur le fait qu’ils n’auront pas à partager leurs pensées ou leurs souvenirs avec d’autres participants s’ils ne le souhaitent pas ; ils n’auront qu’à méditer, rappeler le moment/la chose spécifique et choisir un mot clé qui représente ce souvenir.

Si la session est en personne, le formateur demande aux participants d’écrire un mot-clé sur un post-it et de le coller sur le flip chart. Lorsque tous les participants ont terminé cette tâche, le formateur lit à haute voix les mots clés un par un et, après chaque mot clé, invite le participant qui l’a écrit à prendre la parole pour l’expliquer ou le commenter – s’il le souhaite. Après cela, la personne peut se présenter.

Si la session est en ligne, le formateur demande aux participants d’écrire les mots-clés dans le chat de la plateforme de visioconférence ou dans un tableau blanc interactif numérique. Lorsque tous les participants ont écrit leurs mots clés, le formateur les appelle un par un pour le commenter et se présenter. Le formateur crée ainsi une carte des contributions, des expériences et des réflexions des participants au cours de la session interactive. A la fin de l’exercice, le formateur prend une capture d’écran du tableau blanc virtuel. Ce matériel pourra être mis à disposition des participants et/ou être stocké dans un lieu partagé.

Normalement, l’animateur commence à communiquer son mot-clé et doit être le premier à parler pour définir un modèle à suivre pour les autres. Ces types d’exercices peuvent être denses en émotion, il est donc important que le groupe comprenne qu’il se trouve dans un espace sûr, afin de se sentir libre de s’exprimer en toute sécurité.

Brainstorming sur les problèmes et les ressources dans le système de justice pénale pour mineurs

Selon les Lignes directrices du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe sur une justice adaptée aux enfants,

La « justice adaptée aux enfants » désigne les systèmes judiciaires qui garantissent le respect et la mise en œuvre effective de tous les droits de l’enfant au niveau le plus élevé possible, en gardant à l’esprit les principes énumérés ci-dessous et en tenant dûment compte du niveau de maturité et de compréhension de l’enfant et des circonstances. du cas.[…] »

Dans cet exercice, chaque principe de justice adaptée aux enfants est brièvement expliqué et discuté avec les participants, qui sont invités à contribuer avec des expériences personnelles liées à ce principe spécifique. Les principes sont : accessibles, adaptés à l’âge, rapides, diligents, adaptés et centrés sur les besoins et les droits de l’enfant, respectant les droits de l’enfant, y compris les droits à une procédure régulière, à participer et à comprendre la procédure, à respecter à la vie privée et familiale et à l’intégrité et à la dignité

Ces histoires personnelles pourraient être rassemblées et utilisées pendant les sessions de formation comme exemple pour expliquer la justice adaptée aux enfants à d’autres professionnels, rassemblées dans une publication ou utilisées pour inspirer le scénario du jeu de rôle.

Jeu de rôle I

Dans cet exercice, un cas hypothétique est partagé avec les participants. Par exemple, il peut s’agir d’une arrestation par la police, d’une audience au tribunal ou d’un entretien avec le travailleur social. Pour répartir les rôles, le nom de chaque participant est inscrit sur une carte. Ensuite, des cartes sont tirées au hasard et chaque participant se voit attribuer un rôle. Le jeu de rôle pourrait être enregistré afin qu’il puisse être utilisé comme matériel de formation pendant les cours, sollicitant une discussion entre les participants. Cet exercice devrait faire ressortir un certain nombre de problèmes critiques dans le système et sensibiliser les participants.

Exemple de cas :

Objet : Andrea Rossi, née à Pise le 7 juillet 2003, détenue en détention provisoire – audience préliminaire devant le juge. Présentez également l’accusé d’Andrea, l’assistante sociale, l’éducatrice d’Andrea au centre de détention et la mère d’Andrea.

Informations générales : Andrea est un garçon de 17 ans, il en est à sa deuxième arrestation pour vol. Son histoire familiale est complexe : Andrea a vécu avec sa mère et ses deux jeunes frères (4 et 7 ans) jusqu’à l’âge de 15 ans. Les parents sont séparés et le père a perdu son autorité parentale à la suite de plaintes pour mauvais traitements tant contre la mère que contre les enfants. Suite à différentes ordonnances du tribunal de la jeunesse, les services sociaux procèdent au placement d’Andrea dans une communauté. Toutes les tentatives sont infructueuses et Andrea retourne chez sa mère. Cependant, elle n’arrive pas à gérer les problèmes du garçon qui présente une image d’immaturité combinée à l’usage de substances (cannabinoïdes, cocaïne et alcool). Dans ce cadre, le garçon commence à commettre de petits délits et se retrouve impliqué dans le braquage d’un supermarché. Le garçon est pris en flagrant délit avec deux autres garçons (dont l’un était déjà majeur). À l’époque, Andrea était visiblement altérée par la toxicomanie. La première infraction d’Andrea, survenue en 2019, l’a vu impliqué, toujours avec trois autres pairs, dans le vol d’une moto. Le garçon est actuellement détenu, en attendant son procès, dans un centre de détention. La décision a été déterminée par les précédents placements infructueux dans la communauté, la nécessité de retirer Andrea du groupe de pairs et aussi de le retirer de sa famille, actuellement incapable de prendre soin de lui correctement. Andrea se révèle très conscient de lui-même en abordant tous les aspects de sa vie, de la toxicomanie aux expériences familiales, en passant par l’identité sexuelle et la raison de son arrestation. Non seulement il ne semble pas opposant mais en fait, dès le premier entretien, il exprime une demande d’aide claire.

Jeu de rôle II

Une partie du programme de formation est consacrée à l’apprentissage des techniques d’interview policière et de la communication non violente. Le choix du sujet de la communication entre la police et les jeunes permet aux participants (avocats, magistrats et travailleurs sociaux) d’avoir une distance suffisante par rapport à leur propre rôle, tout en abordant les techniques de communication de manière concrète et pratique.

Après une présentation théorique, les professionnels sont répartis en groupes et invités à jouer une scène avec les jeunes pour mettre en pratique les techniques d’écoute apprises. Dans chaque groupe, une personne est chargée d’observer la pièce et de décrire les différents styles d’écoute et leur effet sur la dynamique de communication.

Analyser l’écriture créative

Selon leurs intérêts et leurs orientations créatives, les jeunes animateurs sont invités à s’exprimer de différentes manières sur leurs expériences avec les professionnels de la justice. Pour certains jeunes, le moyen d’expression le plus confortable est l’écriture. Ces écrits peuvent ensuite être partagés avec des professionnels lors de sessions de formation. Les jeunes animateurs sont chargés de diriger la discussion en donnant la parole aux participants pour qu’ils lisent les différentes parties de l’histoire et en posant des questions pour vérifier leur compréhension du point de vue des jeunes dans chaque situation ou interaction décrite. Tous les participants sont invités à contribuer à la discussion. Lorsque les jeunes se sentent plus à l’aise pour raconter leurs histoires oralement, ils peuvent enregistrer un texte qui sera analysé de la même manière que les documents écrits.

Un autre type de support créatif utilisé est la photographie. Vous pouvez utiliser des photographies qui ont été prises par des jeunes en détention lors d’un projet précédent. Ces photographies sont sélectionnées par les jeunes animateurs en fonction des messages qu’ils souhaitent faire passer aux participants. Elles sont ensuite présentées aux participants par l’un des jeunes, qui les utilise comme support pour expliquer les aspects qui semblent importants dans l’expérience lors de retenue. A travers les photos, certains jeunes souligneront par exemple l’importance des loisirs partagés avec les éducatrices, l’apprentissage des tâches domestiques, la valeur du contact avec la nature, etc.

Travailler avec un outil commun

À l’aide d’outils de gestion de projet tels que l’analyse SWOT et les arbres à problèmes et à solutions, les participants et les jeunes sont invités à travailler en groupes pour analyser les problèmes les plus importants du travail de jeunesse et leurs effets sur la communication entre les jeunes et les professionnels.

Dans le cas de l’arbre à problèmes et solutions, le point de départ est l’identification d’un problème central (le tronc de l’arbre), après quoi les participants discutent et définissent ses causes (les racines) et ses conséquences (les feuilles). Une fois ce remue-méninges et cette classification des informations complétés, chaque équipe réfléchit aux solutions à apporter pour améliorer des aspects clés de l’expérience des jeunes avec la justice. Chaque groupe présente son analyse au reste des participants.

Le produit final est les réflexions communes des jeunes et celles des professionnels, permettant de rapprocher les points de vue et de synthétiser les leçons apprises lors des sessions précédentes.